La STPO – Romanciel

At last, more than three years after the magnificent “L’ Empreinte” here is the new album from my favorite Society: “Romanciel“. The first impression concerns the artistic creativity of the group: it’s astonishing how high it has been maintained throughout an almost forty-year career. In fact, I can say it right away, “Romanciel” is one of the best albums of theirs, in the field of a discography that is filled with beautiful works. Then comes the great pleasure to find again all the elements that make their style unique, immediately recognizable and, at once, new and fresh every time: Pascal Godjikian‘s extraordinary expressiveness and vocal skills, JimB‘s sharp metallic electric guitar, Patrice Babin‘s stormy drums and delicate small percussions, Christophe Gautheur‘s versatile keyboards and Sébastien Desloges‘s bass and violin. Fascinating, as well, are the suggestions to which La STPO‘s  world refers: the artistic avant-garde of the twentieth century for instance (Dadaism, Surrealism, Expressionism) or some masters of modern music (King Crimson, Pere Ubu and David Thomas projects are the first names that come to me). The album opens with the twenty minute long “Roman“, and it is the violin of the latest arrival Desloges (he joined the group eleven years ago) that gives an important contribution to the atmosphere of unusual lightness of this first track. Along with it we have soft blows of flute and ethereal openings of keyboards. It reminds me of Kandinsky or Klee’s most abstract paintings. But lightness can easily evaporate and leave the place to gravity and harmony can become dissonance just like a clear sky can suddenly cloud over, tear with lighting and explode with thunder. La STPO‘s songs are kind of like this, they are changing and surprising. Pascal Godjikian‘s lyrics, that often take inspiration from the dream world, are well suited to the music with their surrealistic, bizarre, non consequential features. They speak a language of their own. Actually, since the very beginning of the story, language has always been a reason of great interest for him, even of experimentation with the creation of neologisms and new ways of combining the letters together. The second track gives us a nice chance to approach a very special “Dictionnaire“.
La Diminuée” has weird, theatrical tones alternating with tender sounds of twittering and magnificent lyrical breakthroughs. The mood changes drastically in the fourth and last song, “Rien qu’en Ciel“.  It’s a twenty-four-minute performance, wonderful and frightening at the same time, that unveils a dramatic scenery, a kind of desperate cry while a higher and higher wall erases the sky. It’s a dark and haunting final but, despite of it, in the silence that follows the end of the music, a little smile finds its way and sweetens the lips and the soul of the listener. This is what happens in front of a work of art or a spectacle of nature. And this music is beautiful, imaginative and free just like a successful picture or like the flight of the birds that paint the sky with their wonderful parade.

Gabriele Carlini

 

Groupe culte s’il en est, La Société Des Timides À La Parade des Oiseaux (STPO) n’a jamais stoppé ses activités depuis 1984, mais fidèles à leur réputation, ils ont su rester fort discrets. Quelques concerts de ci de là et surtout une dizaine d’albums, originaux et irréprochables. Le projet rennais a vu quelques changements de line-up, mais Pascal Godjikian (chant), JimB (guitares) et Patrice Babin (percussions) sont toujours là, accompagnés des membres de longue date Christophe Gautheur (synthé, clarinette, sax) et Sébastien Desloges (basse, violon). Le style, quant à lui, évolue tout en restant fidèle à lui-même, onirique, surréaliste, inspiré fortement par la littérature, l’art et les collages. Un langage en soi qui n’a jamais eu d’équivalent ailleurs.
Romanciel se compose de quatre titres, deux avoisinent les vingt minutes, et sont de véritables voyages insolites, faits de chants tribaux, de déflagrations bruitistes, de flûtes enchantées, de belles mélopées de musique de chambre, d’avant-garde mystérieuse ou d’art rock survolté. Le disque commence dans la douceur. Notes de violon délicates et entêtantes, xylophone enfantin, narration expressionniste, puis la guitare de JimB intervient pour nous rappeler le meilleur d’Art Bears ou de Snakefinger. Mais la beauté des cordes ne pourra calmer la fureur percussive de Patrice Babin. Alors, la basse et la guitare se font plus post-punk, avant de nous propulser dans des sonorités orientales totalement inattendues. L’album se construit ainsi, comme un grand montage d’ambiances disparates, mais avec des thèmes qui reviennent, rendant le tout éminemment cinématographique.
Si vous connaissez déjà la STPO, il est inutile de passer du temps à décrire la complexité et la richesse de leurs compositions, ou le chant à mi-chemin du râle, de l’opéra détraqué, de la poésie lettriste, du bruitage de dessin animé et du hurlement pur et dur comme issu d’un vieux disque de Birthday Party. Il y a énormément d’humour et de théâtralité ici. De la folie aussi, bien sûr. L’aspect mélodieux, porté par le violon, le piano et les digressions est-européennes ou asiatiques, fait peut-être de Romanciel un des disques les plus abordables du groupe. On pourrait même en fredonner certains passages. Si vous ne vous êtes pas encore laissé charmer par la STPO, ce disque est peut-être le meilleur moyen d’entrer dans cet univers qui a su amener le Rock in Opposition vers des contrées tellement uniques que c’en est fascinant. Arriver à garder la même fraîcheur après plus de trente-cinq ans de bons et loyaux services, c’est formidable en soi. Les timides ont bien mérité une médaille.

84/100

Mäx Lachaud (Obsküre) 25/04/2022

 

Trente-huit ans après sa création, LA SOCIÉTÉ DES TIMIDES À LA PARADE DES OISEAUX remet le couvert. Et selon le point de vue où l’on se place, cela relève de l’entêtement, de l’acharnement, du suicide… autrement dit du miracle! De l’entêtement, il faut en avoir pour continuer à composer et à enregistrer aussi longtemps après avoir fait ses premiers pas, quand on est une formation émanant de ces microcosmes musicaux qui ne concernent que quelques avertis. Et même dans ces marchés de niche, LA STPO ne fait pas vraiment « autorité », ni ne s’impose comme le fer de lance d’une « école ». Les raisons en sont multiples, imparfaites… Il n’est même plus temps d’épiloguer sur le manque de considération que subit cette formation rennaise, qui n’en a manifestement plus cure: elle continue à créer, point. Et son acharnement vaut bien celui de Sisyphe avec son p… de rocher ! Mais le vrai miracle, c’est que presque quarante berges plus tard, LA STPO ne donne aucun signe de fatigue artistique, est toujours aussi densément inspirée et nous livre une fois encore un magistral bijou pour les oreilles et pour l’esprit.
Habituée à voleter de micro-labels en micro-labels, notre Parade volatile a atterri cette fois sur le fort recommandable label italien ADN Records et y a déposé son dixième (yoh !) album, « gentilment » intitulé Romanciel. Le titre est une contraction entre celui du premier morceau, Roman, et celui du dernier, Rien qu’un ciel ; tout comme l’était L’Imparfait Multiple de Dieu en son temps. On retrouve bien là la marque de fabrique de LA STPO, grande jongleuse de mots autant que d’idées.
Car oui, pour ceux qui débarquent, LA STPO n’est pas ce genre de groupe au sujet duquel il faut se demander « quel style de musique ils jouent ? ». LA STPO ne joue pas d’un style pré-maché ou formaté, elle a entièrement conçu son propre monde sonore et textuel. On y retrouve certes des inspirations d’autres mondes musicaux d’avant-garde, mais elle a sa façon à elle de les amalgamer, de les digérer, de les métamorphoser. Et son usage du Verbe est tout aussi peu convenu, dans la lignée de certains mouvements poétiques du début du XXe siècle briseurs de codes.
En bref, LA STPO n’écrit pas des chansons, ni ne compose des instrumentaux, ni n’improvise tout azymut ; ses morceaux sont plutôt à appréhender comme des saynètes oniriques – et dont la bouffonnerie intrinsèque est à double tranchant – et au sein desquelles s’élaborent des expérimentations tant instrumentales que vocales et textuelles phagocytées dans des constructions musicales qui suivent un fil conducteur narratif et qui exigent de l’auditeur une attention perpétuelle.
Si les compositions de LA STPO, à ses débuts, relevaient d’un format ramassé et compact, elles se sont au fil du temps sophistiquées et épanouies en des « suites » musicales atteignant et dépassant pour certaines les vingt minutes, donnant lieu à de véritables films sonores constitués de plusieurs scènes ayant chacune une atmosphère particulière et reliées par des thèmes récurrents. Romanciel poursuit dans cette même esthétique, étant constitué de deux longues pièces ouvrant et fermant l’album (de presque vingt minutes et presque vingt-quatre minutes respectivement). Entre ces deux piliers ont trouvé place une courte pièce (à peine deux minutes), et une pièce de durée moyenne (environ sept minutes).
D’entrée, Roman étale tout ce qui fait le sel (et le poivre) de LA SOCIÉTÉ DES TIMIDES: sérénade violonistique, xylophone galopant, guitare électrique à haute tension, cavalcade percussive, synthétiseur virevoltant, vocaux outrés et cartoonesques, paroles « non-sensiques » à double (voire triple) fond, séquences plus planantes mais traversées d’incongruités sonores qui les rendent plus suspectes qu’elles en ont l’air, et auxquels s’ajoutent des interventions subreptices de saxophone, de bugle et de flûte qui élargissent la palette instrumentale.
Le Dictionnaire qui suit renoue avec la tradition des courtes pièces vocales-acoustiques chantées (ou déclamées) dans une langue imaginaire, aux relents autant est-européens qu’inuits ! La Diminuée qui lui succède est constituée de courtes séquences aux ambiances contrastées, où xylophone et guitare électrique jouent à cache-cache, tandis qu’une voix aux humeurs disparates débite des propos délicieusement extravagants. C’est dans ce morceau qu’est prononcé le terme Romanciel, et on y apprend qu’il s’agit d’un « Etropt » ! On aurait dû s’en douter… Et parce qu’on est chez LA STPO, des chants d’oiseaux s’y esbaudissent, dirigés par « l’Abbé Birdeen », comme il se doit.
Après ces deux entractes débarque l’autre pièce de résistance : Rien qu’un ciel démarre dans un climat joliment fantasmagorique et évolue progressivement vers une ambiance plus tendue, menaçante, puis bascule vers des rivages plus atonaux, voire bruitistes, imposant une projection cauchemardesque, voix sépulcrale à l’appui, bientôt relayée par des mantras tribaux et un leitmotiv de basse bien aiguisé qui embrayent vers une section « punk in opposition » qui ne déparerait pas chez UZ JSME DOMA. On retourne ensuite à des ambiances plus feutrées, murmures sous cape, mais maintenues sous tension par cette basse décidément aux abois… Plus loin un riff caniculaire se dispute la partie avec des claviers amples et célestes, avant une séquence plus intimiste traversée de xylophone, de tubagas, puis une giclée de saturations synthétiques précède une section placée sous signal d’alarme, la voix se faisant plus hystérique, primale. L’apocalypse est à portée de gouffre… La guitare électrique a beau avoir des relents de hargne en plein désert, les chants tribaux reprennent la main, quelques extra-terrestralités soniques passent au hasard, et on reste plantés là, bouche bée et oreilles bouleversées.
Tout au long de l’album, les musiciens déploient une créativité et une inventivité de tous les instants, que ce soit JimB à la guitare, Patrice Babin à la batterie et aux multiples percussions, Christophe Gautheur aux synthétiseurs et au piano électrique et Sébastien Desloges à la basse et au violon, sans compter que chacun est multi-instrumentiste et touche-à-tout. Et comme toujours, JimB est le responsable des illustrations de la pochette et du livret, imposant ainsi une identité visuelle reconnaissable : celles de Romanciel plantent un décor science-fictionesque « old school », sorte de centre de recherches avec ses machines à bandes magnétiques et ses fiches à trous codées, ses minitels et ses claviers, ses « Monsieur-tout-le-monde » filiformes et dégingandés, et bien sûr ses oiseaux d’augures variables…
Pascal Godjikian parachève la surréalité de cet univers avec sa voix expressionniste passant d’un extrême émotionnel à l’autre, cultivant la théâtralité la plus fantasque, et ses textes pas moins farfelus et abracadabrantesques. Franchement, où ailleurs que chez LA STPO peut-on entendre des phrases comme « Le Chef paysagiste mangeait du casque à la chinoise », « Je suis debout sur les pédales de la mort », « J’te falsifie le salsifis », « …squelettables en cinq méréals », ou encore « Ingasak, Langatak, Akdyqiak… » ? Même Albert MARCŒUR et Christian VANDER auraient besoin d’un doliprane, c’est dire!
Quoi qu’il en soit, il faut, une bonne fois pour toutes, admettre que Romanciel est une réussite supplémentaire dans le parcours discographique de LA STPO, en plus d’être un des albums les plus singuliers et fascinants de l’année 2022, à charge pour l’auditeur d’accepter d’être mis en état de déroute mentale. C’est le prix à payer pour se soustraire aux banalités et aux grossièretés musicales trop courantes…

Stéphane Fougère (Rythmes Croisés) 13/07/2022

 

Bientôt 40 ans que sévit la STPO, formation rennaise des plus déjantées. Avec toujours trois de ses initiateurs de 1984: JimB (guitare, tubaga), Patrice Babin (batterie), Pascal Godjikian (voix), rejoints au cours des années 90 par Christophe Gautheur (claviers, saxophone et clarinette), et plus récemment par Sébastien Desloges (basse, violon). Cette Société, présentée à l’aube de son dixième anniversaire dans les pages de votre magazine, s’est en effet recentrée depuis quelque temps autour d’un quintet, tout en présentant des titres plus longs (c’est le cas ici du premier et du dernier). Ce 10e opus (si on eclut le format singles/EP), enregistré entre 2017 et 2021, propose toujours un parcourse personnel, iconoclaste et multiforme, illustré par l’idée d’une lecture croisant l’écriture et la carte perforée (croisement entre roman et logiciel?). De Roman à Rien qu’un ciel, l’auditeur use brièvement d’un Dictionnaire (la pièce se résume à des onomatopées ponctuées de claquement de mains et de quelques notes de clarinette), et surtout transite par une sorte de kaléidoscope de climats sonores variés: tantôt primesautière, printanière, parfois enjouée, elle est costamment soumise à des brusques  changement d’atmosphéres, faits de riffs de guitares, d’effets bruitistes, de deflagration sonores, véhiculant un récit quelque peu pataphysicien, accentué par une dramaturgie de la voix, épousant un mélange de sentiments et d’émotions.

Pierre Durr (Revue & Corrigée) n. 133 09/2022

 

Depuis plus de trente ans, les illustres inconnus de la STPO (La Société des Timides à la Parade des Oiseaux) offrent à qui veut bien les entendre leurs délires musico-théâtraux. On aimerait les ranger dans le Rock In Opposition, aux côtés de Samla Mammas Manna, Étron Fou Leloublan voire Zappa pour l’esprit et la musique, mais en vérité les Rennais défient toute tentative de classement, si ce n’est les aspects furieusement dadaïstes de leurs créations extravagantes, où non-sens et refus des conventions sont (quelques-uns) des traits marquants.
Le thème d’ouverture et de fermeture au violon, les paroles surréalistes (mots-valises, mots inventés, râles et borborygmes) forment le lien entre les différentes parties d’une composition telle que « Roman » dont les vingt minutes, contre toute attente, passent comme une lettre à la poste pour qui veut bien se donner la peine de prêter une oreille attentive à sa narration chaotique faite de soubresauts. L’intermède « Dictionnaire » et « La Diminuée » évoluent également dans ce registre théâtral, saugrenu, où on passe souvent du coq à l’âne. Mais alors que jusque-là, Romanciel s’est montré joyeux voire sautillant, du moins en apparence, « Rien qu’un ciel » prend une tournure beaucoup plus sombre, tant au niveau musical, par ses thèmes parfois oppressants, que dans les paroles où allemand, anglais et français se mêlent sur des textes au sens plus immédiat. La guitare électrique grinçante et la basse grondante accompagnent ainsi la complainte d’un prisonnier (« Mauer, Mauer, Mir ist kein Himmel mehr […] Higher, Higher, Wall erasing my Sky »), torturé et privé de lumière.
Cet album joue donc sur plusieurs tableaux en cultivant d’une part une certaine loufoquerie sophistiquée et sibylline, une mosaïque de tableaux très contrastés et apparemment sans lien, et d’autre part une facette beaucoup plus tragique bien que symétrique, avec force thèmes poisseux et scansions inquiétantes. Jekyll et Hide de l’absurde et du surréalisme, Romanciel ne peut laisser indifférents les amateurs de hors-piste musical.

Jean-Philippe Haas (Chromatique.net) 1/04/2022

 

La STPO est une folie rationnelle, un défi au temps, cela fait bientôt quarante ans que ça dure. Il est de coutume de l’annoncer comme la plus ancienne formation rennaise encore en activité. Une folie. Qui peut bien avoir l’idée de choisir pour nom La Société des Timides à la Parade des Oiseaux à part des esprits franchement décalés ? Son contenu musical est unique, hors normes, ne cadrant avec aucun style en particulier. Par convention ou facilité, on peut la nicher dans le cercle pas spécialement enviable des musiques de traverses, du Rock In Opposition, et donc considérer que la STPO est nécessairement, volontairement même, inadaptée à toutes velléités commerciales. C’est de l’art free de lettrés, en notes, en gammes et en textes. De A à Z, on peut la situer entre Art Zoyd et Frank Zappa, ou, pourquoi pas, entre Art Bears à Iannis Xenakis, ça laisse de la marge pour faire tenir la page.
Et pourtant, la folie de La STPO est diaboliquement rationnelle. Ses compositions sont complexes, tenant un numéro de funambule, maîtrisant savamment son équilibre au point d’être constamment capable d’aborder sa situation risquée avec une espièglerie innée. La STPO joue ici sur de brusques enchaînements collectifs, là sur des arrangements pratiquement arythmiques, ailleurs sur des sons rugueux, ou plus loin encore, sur le fil, sur des passages planants. En matière d’alphabet, La STPO a son langage musical propre, aujourd’hui perpétué par JimB à la guitare, Patrice Babin à la batterie et aux percussions, Sébastien Desloges à la basse et au violon, Christophe Gautheur aux claviers, sax et clarinette et, toujours, Pascal Godjikian à la voix, aux textes énigmatiques, et dont la présence scénique impressionne toujours en concert. Impossible d’exposer en détails les quatre longs titres de ce Romanciel. La STPO, ça se vit et ça s’écoute. Il faut voir La STPO en concert. Il faut écouter La STPO sur disque. Cerise sur le gâteau, que l’oiseau viendra picorer, ce bel album est publié par le label ADN, connu pour être la branche italienne de l’arbre Recommended Records.

Eric Deshayes (NéoSphères)

 

Dans la grande tradition française du rock in opposition, la STPO se pose là! Non, ce n’est pas un énième syndicat luttant contre la retraite à 64 ans (en France) mais une formation de près de quarante ans d’existence répondant au doux nom, ma foi très poétique, de Société des Timides à la Parade des Oiseaux. Mais comme beaucoup de ces formations émargeant à la lisière d’un progressif convenu, la STPO use d’un langage musical très élargi, devant tout autant au King Crimson le plus ardu qu’à une certaine avant-garde du XXe siècle issue du mouvement dada. Les Rennais brisent les codes sans surprise, en amalgamant et touillant tous les styles qui leur viennent en tête, une solide formation musicale en sus. Expérimentations en tous genres, phagocytage des autres (genres), la STPO est un style à lui seul, réflexion qu’on peut se faire à l’usage d’autres groupes d’avant-prog’ dont les qualités premières sont d’essayer plein de choses tous azimuts. Le «vrai» rock progressif est là, c’est tout… Écouter ce disque, c’est prendre le risque de ne pas en trouver la sortie, la richesse sonore est telle qu’on veut y revenir pour en goûter la substantifique moelle ou, devrais-je dire, les moelles car la musique de STPO possède plusieurs colonnes vertébrales. Ce ne sont même plus des breaks qui interviennent mais carrément des canyons d’un instant à l’autre de l’album, égarant l’auditeur plus d’une fois, sans aucun fil conducteur apparent. Quand on s’immerge dans ce «Romanciel», on doit enfiler le scaphandre des grandes profondeurs et ne pas flipper, jamais… Se laisser emporter sans résistance est la meilleure chose à faire et quand on accroche à certains thèmes éphémères, on regrette qu’ils n’aient pas été plus développés. Bref, vous l’aurez compris, ce nouvel opus est exténuant, d’une opulence musicale affolante et d’une ingéniosité sans cesse renouvelée. Pour les réfractaires au genre (quel genre?), l’aspirine sera de rigueur mais pour ceux qui aiment naviguer sur les océans déchaînés de la félicité musicale, la découverte sera, au choix, terrifiante ou somptueuse. Même les Zappaïstes, les Kobaiens ou les soulignés au Marcoeur, en resteront pantois!

Commode (Prog Censor) 20/04/2023

 

La STPO, or to use their full name: La Société des Timides à la Parade des Oiseaux, are one of the most eccentric French bands of the past thirty years. I first reported on them way back in 1991, in Audion 18’s Diversions section saying: “it seems that the music produced by these friends of D.D.A.A. is just a mite too out-on-a-limb for most people. Well, personally – a music that runs the whole gamut from electro-pop to industrial noise isn’t really my cup-a-tea either”, and they don’t really seem to have calmed down since.
Actually, Romanciel is quite insane and uses way too many blabbering and nonsensical voices, and the music is pretty much anything goes, and runs amok all over the place. I’m afraid to say that I resorted to skipping through a lot of this in order to keep my sanity!

Alan Freeman (Audion 74) June 2023

 

Romanciel (DNN 032 C) beginnt mit ‘Roman‘ und endet mit ‘Rien qu’un Ciel‘, logisch, soweit bei LA STPO je etwas logisch ist. Zwischen die mit knapp 20 und 23 3⁄4 Min. mächtigen Flügel haben JimB – guitar, Patrice Babin – drums, Sébastien Desloges – bass & violin, Christophe Gautheur – keys & reeds und allen voran Pascal Godjikian zwei live schon bekannte Kabinettstückchen platziert: das a capella angestimmte meta-ykegiakische, meta-tidalikische ‘Dictionnaire‘ und ‘La Diminuee‘, das mit verkleinerter Nase die Schwarz-wurzel falsifiziert. Davor bringt Pascal Zeilen aus “Le Tueur Littéral“, einem Roman des Typs R, wie: On a paré tous les états de mort oder Enfin, les 16 décès aux joyeux abois.
Und stellt einen zuletzt vor eine höher und höher wachsende graue Mauer, Mauer, Mauer, die einem die Welt und den Himmel verstellt. Les pédales de la mort korrespondiert mit les états de mort. Aus Literatur werden Daten, Himmel gibt es nur noch auf Screens. JimBs Artwork lässt jedoch die farblose Sterilität eines Lochkartenlabors von Vögeln mit blauer Farbe bekleckern. Und von den ersten zitternden Geigenstrichen, von Pascals ersten irrwitzig artikulierten Sätzen an gibt da auch wieder die extraordinäre, im bad alchemystischen Sinn superlativste Musik ihr Kontra. Artrockistisch komplex, mit wieder Pascals unnachahmlichen Manierismen. Die phantastische Wortwahl und die theatralische, akrobatisch zwischen guttural und falsett springende Performanz suchen in ihrem surrealen, artaudesken Reiz, ihrer grotesken Komik einmal mehr ihresgleichen. Wie launig da wieder Babin mit Stabspiel klimpert oder übers Fell galoppiert, wie die Gitarre zuckt und Gift spuckt, der Kecak-Spaß, der vogelige Abbé Birdeen-Spleen bei ‘La Diminuee‘. Und schließlich das umflimmerte Pizzicato, die Violinrufe, das brachiale Mahl- und Basswerk, der Gitarrenexzess, die melancholischen Vibes, die ultimative, gegurgelte Glossolalie bei ‘…Ciel‘ als hochdramatisch karnevalsgrotesker Menschheitsdämmerung bis hin zu den finalen Paukenwirbeln und stechenden Pfiffen. Unfassbar stark!

Rigobert Dittmann (Bad Alchemy 114)

 

Es gibt neues Material von La STPO (La Société des Timides à la Parade des Oiseaux – der Gesellschaft der Schüchternen auf der Vogelparade). Wieder hat es eine ganze Weile gedauert, etwas mehr als sieben Jahre, bis es einen Nachfolger von “L’imparfait multiple de dieu” gab. Pünktlich zum 1. April 2022 war es dann aber soweit, und “Romanciel” wurde veröffentlicht. Kein Scherz! Halt … was ist denn mit “L’Empreinte” von 2018? Nun, dasselbe erschien zwar nach “L’imparfait multiple de dieu“, beinhaltet aber Material, welches schon 2012 fertiggestellt war und da eigentlich auch auf CD hätte erscheinen sollen. “L’Empreinte” ist also im Grunde der Vorgänger von “L’imparfait multiple de dieu“. Jetzt also “Romanciel“.
Wieder hat man das Label gewechselt. “Romanciel” wurde von ADN (Alma De Nieto) aus Mailand auf CD aufgelegt, die in einem schmucken Digipack kommt, versehen mit einem für die Band typischen Cover (entworfen von Gitarrist JimB). Auch die auf dem Album zu findende Musik ist typisch für die Band.
Einen schräg-experimentellen Rock in der RIO-Tradition bietet “Romanciel“, bestimmt von E-Gitarre und Pascal Godjikians ausgesprochen variablen Stimmdarbietungen, der zart-zerbrechlich bis wüste dahin treibt, in letzterem Falle kraftvoll angetrieben von der Rhythmusfraktion. Durch den Einsatz diverser weiterer Instrumente (Violine, Sax, Trompete, Klarinette, Flöte, Xylophon), und unterfüttert von satten Tasten- und Elektroniksounds, gerät die Musik dabei nicht selten in Kammerproggefilde. Mitunter kracht es aber auch punkig und derb. Godjikian setzt wie immer sein Organ ausgesprochen vielseitig ein, bietet voluminösen Gesang, lautmalende Stimmgebilde, exaltiertes Kreischen, mysteriöses Flüstern und allerlei weiteres Bellen, Rülpsen, Röhren, Zirpen, Gebrabbel und Quietschen. Mitunter stimmen die Kollegen mit ein, und grölen und röhren mit im Chor. Es sind aber auch längere Instrumentalabschnitte zu verzeichnen.
Ein buntes, schräges, originelles, homogenes und sehr eigenes Gemenge zwischen lärmend und wunderschön (man höre z.B. since.
Acden elegisch-sanften Abschnitt nach ca. 12 Minuten im abschließenden “Rien qu’un ciel“) bietet “Romanciel“, welches RIO- und Avantprog-Adeptend sehr zusagen sollte, so sie nichts gegen gelegentliche stimmlich Extravaganzen einzuwenden haben. Wie auf “L’imparfait multiple de dieu” ist die Musik oft durchaus rund und klangvoll gestaltet, gibt es allerlei symphonisch-wohlige Momente mit viel Tiefe, oder auch schwebend-mäandernde Tongespinste, die einen gelungenen Ausgleich zu den härter krachenden oder exaltiert jaulenden Stellen bieten.
La STPO beweisen mit “Romanciel“, dass sie weiterhin zur Speerspitze des progressiven Schrägrocks in Europa gehören, und das zudem auf sehr eigenständige Art und Weise. Klasse!

13/15

Achim Breiling (BabyBlaue) 10/04/2022

 

Nur alle paar Jahre gibt es Gelegenheit, neue Musik von La Société des Timides à la Parade des Oiseaux zu hören. Aber wenn, kann man sicher sein, dass es sich um großartige Musik handelt, und das ist auch wieder bei dem im Frühjahr 2022 erschienenen Romanciel der Fall.
Die vier Stücke, deren Spielzeiten von knapp zwei bis über zwanzig Minuten laufen, zeigen sich in bester Avant-Manier. Sperrige, wenn auch nicht komplett unnahbare Klangkonstrukte von bizarrer Schönheit präsentiert uns die in Quintettstärke agierende Formation. Kantige Einwürfe der Gitarre vereinen sich mit allerlei Schlagwerk, darunter auch Xylo- und/oder Vibraphon, dazu gibt es gelegentlich trötende Saxophon-Einlagen, die Violine wird kräftig gegen den Strich gebürstet, ein paar elektronisch erzeugte Klänge werden ebenfalls eingesetzt. Auch sorgt hin und wieder ein Gastmusiker an Flöte und Trompete für zusätzliche Klangfarben.
Das Ganze bewegt sich, gerne auch innerhalb eines Stücks, zwischen ätherisch schwebenden und kraftvoll lärmenden Passagen, kann sich dabei auch vorübergehend in weitgehend freie Klänge auflösen. Über allem thront dabei wieder Pascal Godjikians unnachahmliche Stimmkunst (das Wort “Gesang” würde zu kurz greifen), die wieder allerlei Variationen seltsamer Lautäußerungen produziert, häufig textloser Art. Es ist kaum möglich, adäquate Worte zu finden für all dies Grunzen, Röcheln, Zwitschern und Schreien, mit dem diese Musik veredelt wird. Das kurze Dictionnaire ist sogar weitgehend a capella gesungen, wobei offenbar die gesamte Band mit einstimmt, ansonsten finden sich aber auch mal längere instrumentale Passagen.
Romanciel bietet wunderbaren, kantigen Avant-Rock, der auch innerhalb dieser Szene ziemlich einzigartig dasteht. Das Jahr 2022 ist zwar nicht einmal zur Hälfte vorbei, aber ich behaupte, dass Romanciel zu den Top-Alben des Jahres gehören wird! Ein großartiges Werk!

13/15

Jochen Rindfrey (BabyBlaue) 21/04/2022

 

En esta ocasión tenemos la ocasión de presentar la nueva producción fonográfica de la banda francesa LA SOCIETÉ DES TIMIDES À LA PARADE DES OISEAUX (o LA STPO, en la versión resumida de su nombre), la cual se titula “Romanciel” y fue publicada en el primer día de este abril por el sello ADN Records. Los integrantes son JimB [guitarra, voz y tubaga], Patrice Babin [batería, percusión y voz], Sébastien Desloges [bajo, violín, voz y platillos], Christophe Gautheur [sintetizador, piano eléctrico, saxofón, clarinete, voz y tubaga] y Pascal Godjikian [primera voz]. Este último también se hace cargo de las letras. Ocasionalmente, el quinteto contó con la colaboración del músico Iomai a la flauta oriental y la corneta natural. El material contenido aquí contenido fue grabado, mezclado y masterizado en el estudio Seb Lorho en varias sesiones entre 2017 y 2021; por su parte, el guitarrista de la banda JimB se hizo cargo del diseño gráfico. Adelantamos que este disco nos ha parecido tremendamente fabuloso, un nuevo golpe de genio de parte de LA STPO dentro de su larga trayectoria de enriquecimiento de la escena vanguardista francesa; la peculiaridad de “Romanciel” es que permite al personal de LA SOCIETÉ DES TIMIDES À LA PARADE DES OISEAUX exhibir unos colores y bosquejos refrescantes dentro de su siempre compleja propuesta estética. Buena parte de su discografía está marcada por un genuino y original enfoque de experimentaciones inspiradas en la tradición del avant-prog de fines de los 70s en adelante (especialmente, la escena continental francófona), pero advertimos que este nuevo álbum muestra algunos modismos orquestales y fusionescos que permiten a la banda explorar renovadoras gamas sonoras desde su seno creativo. Bueno, tras este preámbulo, lo mejor es que ahora repasemos los detalles del repertorio.
El repertorio del álbum se abre con ‘Roman’, una pieza que se expande por un ambicioso espacio de 19 ¾ minutos. Sus primeras instancias están signadas por una calidez de sobrios ribetes fusionescos que se apoyan mayormente en la dupla de violín y percusión tonal, siendo así que hay que esperar hasta la antesala de la frontera del tercer minuto para que el ensamble íntegro dé rienda suelta a su magnificencia ecléctica, alternando un momento de tensión deconstructiva propia de la tradición RIO (al modo de una cruza entre los dos últimos discos de HENRY COW y los dos últimos de ETRON FOU LELOUBLAN) con otro más jovialmente dadaísta al estilo de una cruza entre los paradigmas de ZAPPA y de THE RESIDENTS. La verdad que la fuerte presencia de las percusiones tonales en varios pasajes y las florituras de vientos que emergen en varios pasajes estratégicos ayudan a darle un aire casi orquestal al asunto. Tampoco falta un extenso pasaje etéreo que inicialmente parece invitar a una ensoñación en base a las flotantes capas de teclado en el trasfondo, pero que el canto tortuosamente versátil de Godjikian trastoca para convertirlo en un exorcismo genialmente inquietante. Los acompañantes ornamentos de violín y de vientos refuerzan esta atmósfera. Tras una larga expansión en esto, el grupo regresa a la jovialidad posmodernista de talante burlesco, manejando las libres formas del momento con un pulso tremendamente preciso. La siguiente instancia se enrumba hacia una ingeniería rítmica de claros tintes folklóricos que se remodelan a medio camino entre lo celebratorio y lo desasosegado, aunque bien delineado por una majestuosidad honestamente fulgurosa; las vibraciones saltarinas del violín, especialmente en los momentos finales, ayuda a reforzar este enfoque epilogar. A fin de cuentas, este primer tema ha resultado ser un cénit del disco que él mismo inaugura. Luego sigue la miniatura de menos de 2 minutos de duración ‘Dictionnaire’; su esquema sonoro es un cántico grupal que alterna sincronías y contrapuntos, acompañado por palmas y sobrios ornamentos instrumentales. De este modo se abre camino a ‘La Diminuée’, una pieza que dura casi 7 minutos y cuya función es la de darle un viraje más denso a la euforia surrealista y al colorido grácil que fueron tan importantes dentro de la extensa pieza que abrió el álbum. Bien es verdad que ‘La Diminuée’, con su mayor presencia de partes vocales, exhibe una carácter más robusto en cuanto al esquema expresivo general, pero, por otra parte, la cualidad etérea de la instrumentación y la presencia de efectos especiales que emulan sonidos de aves brindan un contrapeso de dadaísmo señorialmente sobrio frente al canto.
Rien Qu’un Ciel’ es la maratónica suite de 23 ¾ minutos que cierra el álbum, y, como es de esperar, sirve como vehículo para un nuevo ejercicio de rimbombancias radicales de parte de LA STPO. El pasaje inicial está marcado por un esquema impresionista arropado por una aureola solemne, siendo así que sus connotaciones inquietantes se quedan en un nivel bastante soterrado. Esta situación no dura mucho tiempo, pues la mencionada inquietud no tarda mucho en apoderarse del surrealista desarrollo temático (el cual nos recuerda a un híbrido entre los ART ZOYD de los tres primeros álbumes y los de la etapa 87-97) para arrastrar a la pieza hacia una caverna sónica cuyas paredes y techos parecen estar edificadas con materia oscura con una cohesión sostenida por una energía sin nombre. Alrededor de la frontera del noveno minuto, el grupo activa una procesión razonablemente siniestra que sabe impulsarse a sí misma desde la energía emanada del encuadre tripartito de guitarra, bajo y batería. La siguiente sección se centra en aires introspectivos, aunque sin ocultar sus titilaciones nebulosas que casi rayan con lo cósmico; se trata, al fin y al cabo, de un puente hacia otra sección densa centrada en expansiones tétricas donde el oscurantismo reinante tiene algo de lamento. Otras secciones siguientes juegan con texturas alevosamente abstractas que transitan de lo misterioso a lo furioso con perfecta fluidez, siendo así que la elástica acidez del canto de Pascal (ora furioso, otrora burlón, ahora sufriente, después enajenado) se acomoda naturalmente a los meticulosos arreglos instrumentales: en estos últimos, las percusiones tonales retienen el rol protagónico que ya tenían en piezas precedentes del álbum. El epílogo comienza con unos riffs entrecortados y estrambóticos de guitarra que abren camino a una retoma de la procesión siniestra que mencionamos más arriba. El golpe de las últimas sílabas arrojadas por Godjikian y los minúsculos efectos surrealistas instrumentales cierran con extravagante magnificencia esta suite y el álbum.
Todo esto es lo que nos brinda el veterano ensamble LA STPO con “Romanciel”, un disco que reactiva convincentemente el rol de las propuestas más frontalmente vanguardistas del multívoco género progresivo a estas alturas del nuevo milenio. Un trabajo notable, elíptico y complejo que se sitúa entre lo más aventurero y desafiante que se ha hecho dentro del amplio espectro del rock progresivo de los últimos años, algo que no nos sorprende cuando sabemos que procede de los cuarteles de este grupo, pero que, de todas maneras, merece todos los elogios y recomendaciones que se pueden expresar en cualquier lenguaje humano. Estas nuevas romanzas vanguardistas de LA STPO son de entrada obligatoria para cualquier fonoteca dedicada a la música experimental que se precie de ser buena. Ah, y antes de que se nos olvide, es una de las más notables novedades que hemos escuchado en el primer tercio de este año 2022.

César Inca Mendoza Loyola (Autopoietican – Apuntes de Musica Progresiva Contemporanea) 21/04/2022

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